JEREMY BAILEY
L’oeuvre
Patent Drawing
2011-2015
21,5×25,5 cm
Dessins, Encre indienne sur papier
Ed. 2/5 + 2EA
Courtesy de la Pari Nadimi Gallery, Toronto
Dans ses Patent Drawings, Bailey crée des dessins dans le style des brevets technologiques. De nombreux dessins sont de performances et de vidéos que l’artiste a réalisées durant la dernière décennie, pendant que d’autres sont des concepts inachevés qui font référence à des projets à venir.
Les brevets eux-mêmes n’existent pas, ne sont même pas déposés, ils existent uniquement en forme de dessins. Contre toute attente, les dessins sont également disponibles en grande éditions. Parfois Bailey les offre même en format d’affiche. Ainsi, il recadre le brevet en carte de visite promotionnelle et superficielle, d’une valeur plutôt symbolique. Ceci en contrepoint avec la signification historique du brevet en tant qu’atout de grande valeur.
Le travail de l’artiste est une réflexion sur le secteur technologique et du logiciel embourbé dans l’abus de brevets. Avant la modification de la loi en 1994, il était presque impossible de déposer un brevet de logiciel, mais aujourd’hui on en dépose des millions chaque année, plus que n’importe quel autre type de brevet. Traditionnellement, on ne pouvait pas breveter le logiciel, estimé trop abstrait, susceptible à une interprétation subjective et donc de freiner l’innovation future. Les « trolls de brevets » sont les entreprises ou les individus qui recherchent ce genre de brevets larges afin de menacer de procès ceux dont les inventions seraient vaguement similaires. Cette pratique est devenu si répandue que nombre d’entreprises technologiques ont amassé des centaines de milliers de brevets pour se défendre en cas d’éventuels procès.
En dévalorisant le brevet, Bailey s’aligne avec l’esprit d’expression et de référence libre popularisé par l’Internet, ainsi que le mouvement de logiciel open source. En faisant semblant de breveter ses propres œuvres, il se moque aussi de l’artiste absurde qui prétend être le premier en n’importe quel sujet, matériel, technologie ou cadre conceptuel.
L’artiste
Né en 1979, Jeremy Bailey est diplômé en art vidéo de l’université de Syracuse (2006) et en arts plastiques de l’université de Toronto (2002).
« Depuis le début des années 2000, Bailey a sillonné une route captivante, et souvent hilarante, à travers les différents développements des technologies numériques de communication. Ostensiblement une satire et une parodie des pratiques et langage des “nouveaux média”, la surface ludique de son œuvre cache une exploration incisive de l’intersection critique entre vidéo, informatique, performance et le corps. » (Morgan Quaintance, Rhizome)