FRÉDÉRIC DELANGLE

Les œuvres

Série Paris-Dehli
100×80 cm, 60×80 cm
Photographies
Courtesy de l’artiste

«Ou la bascule du nouveau monde.

Un temps arrogants voire méprisants, n’avons-nous pas érigé notre puissance économique, intellectuelle, démocratique comme un modèle absolu de développement ? Nos solides certitudes font face aujourd’hui à une réalité toute autre.L’Inde est la plus grande démocratie du monde, ses universités devancent celles de notre beau pays, nos pauvres n’ont rien à envier aux basses classes indiennes, notre économie mondialisée est menacée par les pays émergeants.

J’ai décidé d’entrechoquer ces deux mondes en demandant à des peintres indiens de coloriser mes tirages en noir et blanc de Paris et d’y incruster des publicités indiennes, des graffitis écrits en hindi ; peindre Paris aux couleurs de leur pays. La directive principale que je leur ai donnée était de peindre cette ville-musée, terne et grise, aux couleurs vives de l’Inde, de prolonger en photographie les pratiques du cinéma bollywoodien qui digère le monde pour le recréer à sa façon.»

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L’artiste

Pour Fred Delangle la vie est un jeu mais il en écrit ses propres règles. Né en 1965, il a grandi en région parisienne et est diplômé de Paris 8 niveau maîtrise du département photographie. Il s’est passionné pour l’urbanisme et le paysage dès ses débuts en photographie. Dans les années 90, il a posé régulièrement sa chambre photographique sur le périphérique parisien pour profiter de cette vue plongeante sur la banlieue. C’est très naturellement qu’il pratique un travail de commande en architecture et paysage urbain pour les architectes mais également des campagnes institutionnelles ou des commandes publicitaires. En 2001, il fait son premier voyage en Inde qui marque un tournant dans son travail et s’engage dans un projet de près de 5 ans sur la ville d’Ahmedabad, la nuit, pour témoigner des vestiges de cette ville qui fut l’une des plus riches d’Inde. Ce qui le caractérise, avant même son travail photographique, c’est son âme d’enfant, sa quête jubilatoire du jeu. Ainsi, il s’est joué aussi des codes indiens, de la prétendue difficulté pour un occidental à comprendre cette culture, pour mieux s’en emparer et traverser depuis plus de 15 ans ce pays grâce à ses voyages multiples et réguliers qu’il a appelés hivers indiens. Il a également développé son propre langage visuel, il s’est imposé des contraintes, à l’instar de l’Oulipo, dont il reconnaît bien volontiers une filiation au travers du jeu et des protocoles. Il joue à se faire peur en s’immergeant seul, la nuit dans la nature avec Nyctalope. Il joue à coloniser Paris par les Indiens dans sa série Paris-Delhi. Il fait jouer le jeu de l’amour dans Coït. Il jour à créer des passerelles entre le vieux continent et le nouveau monde en créant un Troisième territoire. Il fait jouer leur propre rôle aux commerçants indiens dans leur Microshop. Il joue à réorganiser la circulation des personnes et des véhicules dans Harmonieux Chaos. Il ne regrette qu’une seule chose dans la photographie, c’est le travail souvent seul, précisément sans camarades de jeu. C’est certainement l’une des motivations qui l’ont poussé à co-créer la mission photographique France(s) territoire liquide regroupant 42 autres photographes. Ils ont travaillé sous la forme d’une commande autoproduite où le collectif pouvait aussi définir ses propres règles du jeu.