PASCAL DOMBIS

L’œuvre 

Blue Screen of Death

2015
95 x 55 x 10 cm
Ecran, ordinateur, chassis, enceintes, écran lenticulaire, logiciel spécifique du son
Courtesy Pascal Dombis / ADAGP 2015

Blue Screen Of Death est une pièce qui traite des formes de bruits et d’erreurs provenant d’un excès de données monochromes bleus. La pièce fonctionne sur le principe d’un fondu très lent entre les couleurs Bleu, Blanc et Noir. Les motifs changent selon la position du spectateur car la surface de l’écran est réalisée à partir d’un effet lenticulaire. Pascal Dombis privilégie ce matériau depuis une quinzaine d’année. Il cherche à développer des troubles visuels, des accidents. Ainsi il peut jouer avec le regardeur tout en développant une démarche « perspectiviste », selon son point de vue, l’expérience n’est jamais la même. Le type de lenticulaire utilisé pour la pièce est commercialisé pour faire des images 3D mais lui ne l’utilise pas pour ça, il l’utilise afin d’imprimer toute une série de monochromes, avec un nombre d’images supérieur à ce que peut supporter le matériau cela génère des phénomènes d’erreurs visuels qu’il provoque et recherche. Le processus est donc utilisé afin de créer ces erreurs : Un logiciel spécifique produit des fondus entre les couleurs selon les différents angles de vue du matériau lenticulaire. Aléatoirement, les calculs nécessaires à ce principe de fondu deviennent trop importants pour la puissance computationnelle disponible de l’ordinateur et cela produit ainsi des erreurs inattendues, comme des pixels d’erreur bleu, des clignements ou bien l’apparition de formes organiques à la surface de l’écran. A chaque fois que ces séquences d’erreurs surviennent, le niveau de la bande son (initialement faible) augmente et crée ainsi une atmosphère combinée entre le son et les visuels d’erreurs. Particulièrement inspiré par le manifeste futuriste de Russolo, L’art des bruits publié en 1913, il proclame que son travail se trouve dans la lignée de cette exploration artistique des bruits. A partir d’un ensemble de données excessives, un bruit visuel de larges données, big data, est généré et il cherche à y faire apparaitre des formes, des structures ou des rythmes, qui ne sont pas initialement programmée, mais qui émergent, qu’il sélectionne ensuite afin de les développer. Son travail consiste à provoquer les plus petites inexactitudes pour qu’elles entrainent le plus de distorsions. Plus le nombre de données traitées est important, plus le nombre de bruits et d’erreurs augmente. Le choix du bleu résulte en ce qu’il s’agit de la couleur préférée dans les sociétés occidentales. Associée à la lumière, au ciel, à la mer, au repos, aux rêves, c’est une couleur rassurante et apaisante. Mais Pascal Dombis fait le constat que le bleu est également devenu une couleur neutre, sans risque et presque ennuyante. Ainsi il confronte les valeurs super consensuelles du Bleu avec d’autres notions qui lui sont a priori opposées – accident, bruit, clignotement, absence de contrôle- il veut ainsi challenger la perception du visiteur / regardeur sur l’espace et le temps. En cela, son travail fait directement écho à la tradition monochrome de l’art moderne et notamment à la série des monochromes Bleu d’Yves Klein. Mais ce n’est pas un travail citationnel car il n’a pas travaillé en partant des séries de Klein, il a exploré les formes et couleurs accidentelles provenant d’un excès de données. C’est ainsi qu’il a retrouvé de façon accidentelle des thèmes développés par Klein, comme le hors dimensions du bleu ou la présence corporelle et physique des monochromes. Le titre Bleu Screen Of Death est une référence à l’expression geek qui décrit les écrans bleus affichés par Windows après avoir rencontré une erreur irrécupérable avant de provoquer l’arrêt du système.

L’artiste

Pascal Dombis vit et travaille à Paris. Pascal Dombis est un artiste plasticien qui travaille sur l’excès de processus technologiques. Depuis plus de 20 ans, il utilise ordinateurs et algorithmes pour produire une répétition excessive de processus simples. En reproduisant quasiment à l’infini un signe géométrique ou typographique, il réalise des structures déstructurantes et développe des environnements irrationnels. Pascal Dombis exploite la coexistence paradoxale entre contrôle ordonné et aléatoire plus ou moins chaotique pour produire des formes visuelles imprévisibles, instables et dynamiques, qu’il synthétise en impressions murales, pièces lenticulaires ou bien en installations vidéo. A partir d’un excès de processus technologiques, Pascal Dombis cherche à troubler le spectateur en le confrontant à « son » irrationnel primitif. Parmi ses dernières expositions personnelles, en 2015 : The End(less) à Budapest Art Factory, (HU) ainsi que Text(e)-Fil(e)s, Cité de la Mode et du Design, à Paris (FR), et The limits of Control à la Galerie Pascal Janssens, à Gand (BE).