ALBERTINE MEUNIER

Les œuvres

Internet, est-ce que tu m’aimes?

2015
60 x 30 x 50 cm
Chien à la tête qui bouge, arduino yun, internet
Voice Recognition
Edition 1

Dans notre temps, où ego et amour de soi sont largement ancrés, où « liker » devient le mode d’appréciation immédiat, une question devient centrale. Cinq petits chiens à la tête mouvante vous écoutent en permanence et vous rassurent si vous leur posez la bonne question: Est-ce-que tu m’aimes ? Ils dodelinent de la tête. Cette pièce, connectée à Internet, peut se jouer de n’importe quel endroit dans le monde, comme une pièce en duo, une personne dans un lieu dialogue avec une personne dans un autre lieu.

MLPL – 64 / xx

2015
60 x 30 x 110 cm
Imprimante, papier listing, google activity api
Mouvement’s life paper listing
Edition 1

Eléments de lecture :

captation des mouvements d’Albertine à travers les données captées par son téléphone (data via Google Activity toutes les 5 secondes)

1= Albertine est immobile
2 = Albertine gigote son téléphone, et elle avec
3 = Albertine marche
4 = non, vous ne rêvez pas Albertine court
5 = Albertine est en scooter

Jour après jour, les données de mouvements sont capturées et s’inscrivent sans fin dans des fermes de serveur. Couchés sur le papier, les mouvements d’Albertine se repèrent très facilement… succession de 1, de 2, de 3, de 4 ou de 5. Au premier coup d’œil, on repère le symptôme des temps modernes, Etre immobile, soit à dormir soit souvent le nez collé à l’écran. Le rythme des mouvements se dessine imperceptiblement: le premier geste matinal vers le téléphone, le déplacement en scooter, les quelques pas de la journée… Inéluctablement le papier listing imprime tous les gestes d’Albertine.

L’artiste

Albertine Meunier pratique l’art dit numérique depuis 1998 et utilise tout particulièrement Internet comme matériau. Elle se définit elle-même comme une net artiste, artiste pas nette. Cette expression bien que légèrement désuète – un net artiste étant tout simplement un artiste de son temps – contribue à lui conférer un visage humain, bien loin de la froideur des machines numériques. Ses travaux questionnent, autant de manière critique que ludique, les grands acteurs de l’Internet tel que Google, Twitter ou Facebook et le nouveau monde qui nous entoure, nouveau monde, qui, rempli de transistors et microprocesseurs, vit à la vitesse de la lumière des réseaux. Ce monde de l’Internet qu’Albertine connait bien est devenu son matériau de création et d’exploration. Elle tente dans ses recherches et dans ses œuvres à révéler l’invisible ou la poésie des choses numériques. Albertine a de multiples compétences, à la fois techniques, esthétiques et conceptuelles, et de ce parcours particulier, elle parvient à explorer l’essence d’une poésie, d’une esthétique du numérique et des réseaux. Elle cultive les formes simples, minimales, semblant parfois «bricolées», mais elle reste volontairement loin de l’hyper-technicité de certains dispositifs numériques. Ainsi, elle travaille plus particulièrement autour des grands thèmes suivants : l’esthétique de l’Internet, la matérialité et la matérialisation de l’Internet mais explore aussi l’accumulation infinie que provoque la forme numérique. Son désir de donner forme et rythme à l’invisible, à l’imperceptibilité du réseau Internet, amène un regard tout particulier où la technique et la poésie entretiennent des rapports insoupçonnés. S’intéressant au nouveau monde qui se dessine, on constate à travers l’ensemble de sa production qu’un grand nombre de ses pièces interrogent tant l’espace que le temps, l’espace comme lieu à la fois physique et numérique, à la fois ici et là et par là même quantique ; le temps comme déroulé d’une vie et enfin l’espace et le temps comme lieu de mémoire. Avec son air de ne pas y toucher, Albertine déroule le fil d’une poésie ludique, impertinente et drôle. Jouons un peu avec Internet … grâce à Albertine.